samedi 20 janvier 2018

Silence

Ces derniers temps, j'ai remplacé la parole écrite par les images. Un silence, une absence de commentaire volontaire. Un temps d'observation, de ressenti, d'écoute. La saison hivernale s'y prête.
Le rythme qui impose le repos, la pluie rend des chemins impossibles, le jardin absorbe les eaux et consomme feuilles, foins, épluchures.
Le corps diminue son activité en suivant le soleil sur sa route vers l'équinoxe du printemps.

Une multitude de pensées s'agitent et émergent de mon corps, je tente de les organiser, les structurer, leur donner une architecture, une trame afin qu'elles puissent enfin sortir, plus claires, plus puissantes.

Le jardin ardennais bouge, c'est un lieu, un lieu physique, concret, et c'est aussi un concept, un regard sur le monde, une manière d'avancer. Des observations multiples, des apprentissages quotidiens et de leurs confrontations à l'environnement naissent des idées, des hypothèses, des propositions.
Enfin, des applications , des gestes, des expériences surgissent peu à peu, s'appuyant sur les hypothèses en validant ou pas ces dernières.

Observer - Interroger - Douter - Imaginer - Formuler des hypothèses - Expérimenter - ...Observer encore ...

Nous regardons souvent le monde, les choses, les situations de trop près, souvent avec les lunettes des autres. C'est comme contempler un tableau impressionniste le nez collé au tableau, en fonction de notre position, on verra une tâche jaune ou bleu ou rouge... on pourra même se disputer qui a raison...or... tout le monde dit vrai mais ce n'est pas la vérité du tableau. C'est uniquement en faisant quelques pas en arrière que l'ensemble du tableau devient visible, compréhensible.
Et la beauté apparaît.

Et la vie me semble être un mouvement rythmique, on s'approche on s'éloigne, on regarde de près, de loin..On tangue, on dodeline, on titube, on oscille, on vibre.
Ce mouvement permet de mieux voir la réalité, d'appréhender des situations à risque pour nous.
Plus le terrain est accidenté, plus le temps est orageux, et plus souvent on alterne son regard, on regarde sous les pieds, on lève la tête pour ajuster nos pas à venir.