lundi 5 septembre 2016

Renouée du Japon - espèce à abattre?

version du 10 décembre 2018

"Espèces invasives, un danger pour notre biodiversité et nos paysages?"
 
Une plante "invasive" est une espèce exotique généralement importée pour sa valeur ornementale ou économique. Elle est caractérisée par un développement rapide, une absence de prédateurs ou de parasites, et une grande compétitivité vis-à-vis des autres espèces. Outre les conséquences écologiques, les plantes invasives occasionnent une uniformisation du paysage et entraînent également de graves conséquences économiques et sanitaires. Sur le territoire, on compte plusieurs espèces invasives : la Renouée du Japon, le Buddleia de David ou ‘’arbre à papillons’’, la Balsamine de l’Himalaya, etc." 


Cette article issu d'une publication d'un organisme officiel de protection de la nature montre qu'il existe actuellement en France et dans le monde de "l'écologie" une idéologie, une pensée discriminatoire qui divise les plantes en bonnes ou mauvaises, bienvenues ou malvenues selon les critères fixistes qui s'appuient sur une image d'un monde arrêté, que doit pas bouger.
Les porteurs de ces idées omettant le fait que notre monde évolue en permanence et les végétaux comme les hommes bougent, voyagent, vivent là où ils peuvent vivre.
Que les compositions végétales, animales, bactériennes s'adaptent aux évolutions permanentes de composition de l'air, du sol, de l'humidité, de la température, du pH, de l'évolution du relief... L'apparition d'une plante est une conséquence de l'évolution de son écosystème qui a rendu sa vie possible.

La plante qui émerge n'est pas la cause d'une situation, elle est une conséquence d'un ensemble de phénomènes qui ont rendu sa germination possible et nécessaire. 
Elle agit dans le but d'optimiser les échanges en place pour augmenter ou restaurer la résilience, la capacité d'adaptation du lieu au changement. Elle n'apparaît pas pour entraver nos projets ou nos images de beauté ou de normalité, elle advient pour répondre aux changements chimiques, physiques, physiologiques, géologiques du lieu.  Elle participe à l'établissement d'un nouveau équilibre du lieu.  

Prenons comme l'exemple la renouée du Japon omniprésente à Charleville-Mézières sur les berges de la Meuse.

La renouée du Japon est arrivée avec le développement des échanges commerciaux en tant que plante ornementale. Elle était appréciée et recherchée. Le temps est passé par là. Depuis les années d'après guerre, l'homme, pour répondre à plusieurs impératifs immédiats de se nourrir et de revivre, a bouleversé et modifié son environnement en créant des zones de monoculture, il a défriché encore et encore pour créer des lotissements, des routes,des stations des skis.
Cette manière de gérer les espaces, d'utiliser les sols et les paysages a eu pour conséquence une transformation rapide du paysage. Le labour, le semis des annuels , les travaux divers BTP ramènent le milieu au début de la succession végétale, au stade des plantes pionnières. Un sol mis à nu et trop aéré, appelle obligatoirement l'installation des plantes pionnières, les seules adaptées aux conditions dégradées d'un sol remué, ouvert, en déséquilibre, sans matières organiques, sans nutriments disponibles.  Les plantes pionnières de part leur constitution vont remettre le sol en paix, le stabiliser, freiner l'érosion ...d'où la présence d'une quantité toujours importante d'individus.

La renoué du Japon vient certes du Japon, mais faut-il vraiment regarder la provenance des végétaux? Tout le monde connait Pangée n'est-ce pas? Alors on est tous issu du même continent.

Si la renouée du Japon s'installe le long des berges, c'est puisqu'elle a pu le faire, il y avait un espace libre, non occupé. Et un danger, une terre non tenue.  Les berges doivent être couverte d'arbres et d'arbustes aux racines qui permettent maintenir le sol en place et éviter l'érosion des berges. Or, partout ou elle pousse, peu d'arbres, les berges fauchées.

Ses racines renforcent les berges et protègent les chemins. Sa floraison abondante en fin d'été apportent du nectar à des milliers d'insectes butineurs. 
On déplore la disparition des abeilles, et on éradique les massifs mellifères "gratuits"  des renouées du Japon.  
Un autre fait étudié, c'est la capacité épurative de la renouée en matière des métaux lords.
Les massifs fonctionnent comme des stations épuratives des eaux de ruissellement.

Décider de supprimer les massifs de renoués du Japon, c'est ignorer la dynamique évolutive du lieu, c'est ignorer ses fonctions et ses productions spontanées multiples et gratuites. 
Mobiliser les ressources pour arrêter et interrompre les processus spontanés gratuites de régénération, d'épuration, de dépollution des sols, de stabilisation du lieu c'est appauvrir la population humaine du lieu.

Et pour approfondir cette réflexion et la connaissance des écosystèmes, je vous recommande la lecture d'un petit livre de Gilles CLEMENT "Éloge des vagabondes", éditée en 2002 par Nil Éditions et Éditions Robert Laffont 2014.